Ce lundi, les experts du climat de l’ONU, le GIEC, ont publié un rapport de 2 800 pages dans lequel ils évoquent les préconisations qui permettraient de limiter le réchauffement climatique afin que la planète puisse rester « vivable ». Un rapport « accablant » a dénoncé le secrétaire général de l’ONU, qui a alerté sur « l’extinction d’un million d’espèces » ou la multiplication de « canicules sans précédent, de tempêtes terrifiantes et pénuries d’eau généralisées ».
1 – Les émissions de gaz à effet de serre doivent plafonner d’ici 3 ans
L’humanité dispose de moins de trois années pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du changement climatique, si elle veut conserver un monde « vivable », alertent les experts climat de l’ONU dans leur rapport.
2 – Les engagements actuels ne permettront pas de contenir le réchauffement à 1,5°C
L’objectif de l’Accord de Paris, de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, est « hors de portée » avec les engagements internationaux actuels, déterminent les experts du Giec. Les politiques actuelles ouvrent la voie à un réchauffement de 3,2°C d’ici à la fin du siècle.
3 – Réduire d’au moins 60% charbon, gaz et pétrole d’ici 2050
Si tous les gisements de pétrole, de gaz et de charbon actuellement en service sont exploités jusqu’à leur terme, il sera impossible de tenir l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5°C.
4 – Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 grâce aux énergies renouvelables
Pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris, le monde doit atteindre la « neutralité carbone » sur tous les plans d’ici à 2050. La capacité des énergies photovoltaïque et éolienne a fortement augmenté, de 170% et 70% respectivement entre 2015 et 2019, grâce à la baisse des coûts, aux politiques publiques et à la pression sociale. Mais malgré ces hausses spectaculaires, elles ne représentent ensemble que 8% de la production électrique mondiale, 21% de la production peu carbonée.
5 – La sobriété est « incontournable » pour limiter le réchauffement climatique
Selon le dernier rapport du Giec, agir sur la demande en énergie et la consommation de biens et services permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici à 2050.
6 – Réduire les émissions de méthane de moitié
Le méthane est souvent présenté comme le grand oublié du climat, celui ci provient majoritairement de l’élevage d’animaux pour la consommation de viande. Il compte pour 0,5°C sur ces +1,1°C déjà acté. Comme pour le CO2, sa concentration augmente dans l’atmosphère. De + 156 % depuis 1750 [contre + 47 % pour le CO2] et plus 6 % sur les dix dernières années. « En 2019, les concentrations de CH4 n’ont jamais été aussi élevées depuis au moins 800 000 ans », pointe ainsi le Giec. Les spécialistes indiquent qu’il faut réduire de moitié les émissions de méthane d’ici à 2050 par rapport à 2019.
7 – La capture de carbone est indispensable
« Le déploiement de dispositifs de captation du dioxyde de carbone, pour contrebalancer les émissions résiduelles, est inévitable », écrivent les experts. Le Giec envisage comme solutions le développement de puits naturels de carbone, grâce à la reforestation et au changement de pratiques des sols, ainsi que des solutions artificielles (pas encore arrivées à maturité) de capture et stockage du CO2.
Les associations environnementales essayent de faire réagir les politiques face aux différents rapports du GIEC.
Les organisations tel que Alternatiba Paris, ANV COP21, les Amis de la Terre et d’autres, ont effectué des actions durant la campagne de la Présidentielle 2022. En dernier lieu, l’action mené par Alternatiba Paris, ANV COP21 et les Amis de la Terre lors du meeting d’Emmanuel Macron le 2 avril, à la Défense U Arena. Les militants ont affichés des pancartes « Criminel Climatik », « Climat : Macron Candidat Dangereux ».
Nous avons contacté la porte-parole d’Alternatiba Paris, Marie Cohuet pour répondre à nos questions.
Quel était votre collectif pour lequel vous avez mené une action lors du meeting d’Emmanuel Macron ?
« Les collectifs sont ANV Cop 21, Alternatiba Paris et les Amis de la Terre. L’action consistait à faire résonner des alarmes aux quatre coins du meeting, en symbole de l’urgence climatique et sociale en cours, et à exposer la passivité d’Emmanuel Macron à ce sujet. Ce meeting a été choisi puisque pour nous, ce candidat a mené des politiques dévastatrices pendant son mandat. »
Le mouvement était-il en accord avec les autres collectifs ?
« Nous n’étions pas en accord avec d’autres collectifs, mais nous nous alignons sur les pancartes « Criminel Climatik » diffusées par le Collectif Ibiza. Clairement, Emmanuel Macron durant son mandat a mis des vies humaines en danger. »
Que pensez-vous du quinquennat d’Emmanuel Macron du point de vue écologique ? Concernant le rapport du Giec ?
« D’un point de vue écologique, l’Etat a été condamné 2 fois en justice pour inaction climatique et il n’y a aucune action dans la politique suite à ces condamnations. Il y a une instance indépendante qui a été créée par Emmanuel Macron, qui s’appelle le Haut Conseil pour le climat. Cette instance n’a pas arrêté de relever les incohérences des politiques publiques avec les objectifs de la France dans sa stratégie nationale bas carbone. On n’est pas capable sous la présidence d’Emmanuel Macron de suivre les objectifs qu’on s’est nous-même fixés. En dernier exemple, la convention citoyenne pour le climat avait fait des propositions concernant la loi Climat et Résilience, mais celle-ci a été saboté par le gouvernement. Les 150 citoyens ont donné la noté de 2,5/10 au gouvernement sur l’efficacité des mesures proposées. Si jamais on veut effectuer une transition écologique, cela passe par des questions de justice. On ne peut pas demander à des gens qui sont les plus pauvres du pays qui galèrent à faire le plein d’essence de faire des efforts quand il y a encore des ultras riches qui prennent des jets pour faire des trajets de 30 minutes. »
« Le rapport du GIEC indique qu’il faut agir maintenant, chaque tonne de CO2, chaque dixième de degré compte, donc on a des échéances qui sont hyper courtes. On voit que les 5 ans à venir sur l’échelle nationale sont hyper importants, énormément de choses se jouent, mais on a encore du temps pour mettre des choses en place. Les conséquences vont être de pire en pire. »
Quel candidat représente le plus vos sensibilités ?
« Nous ne donnons pas de consignes de vote, puisque notre rôle est d’être un contre-pouvoir citoyen. Par contre dire qu’il y a des candidats dangereux concernant le climat et la justice sociale, c’est factuel, basé sur leurs programmes. On a dénoncé tout au long de la campagne Eric Zemmour, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse puisqu’ils ont des programmes qui ne permettent pas de respecter les objectifs climatiques. Nous appelons les gens à aller voter, les enjeux sont trop grands, il faut s’investir, surtout que ceux qui votent le moins ce sont les jeunes. Les questions liées au climat sont à prendre au sérieux puisqu’elles vont changer nos vies. »
Comptez-vous réitérer ces actions pour le second tour en fonction des résultats de ce dimanche ?
« Il est possible qu’on réitère ce genre d’action pour le second tour. Ce samedi, il y a une marche qui s’organise entre les mouvements climats, de justice sociale, antiraciste et féministe, cela permettra de montrer que les mouvements sociaux et progressistes vont continuer à se mobiliser. »