C’est dans un Canada pluvieux que le premier ministre, Gabriel Attal est arrivé ce jeudi pour un déplacement de trois jours. Véritable opération séduction pour certain, ce déplacement s’est transformé en opération SAV après le rejet par le Senat de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada (CETA).
Un déplacement historique
Le Canada n’avait pas reçu la visite d’un ministre français depuis le quinquennat de François Hollande, c’est peu dire que ce déplacement était attendu outre atlantique. C’est accompagné de cinq ministres que Gabriel Attal est arrivé au Canada dans le but de réaffirmer sa volonté de coopération entre les deux pays.
A quelques jours de ses 100 jours à Matignon, Gabriel Attal semble avoir gagné en assurance et mène sa délégation à la baguette. Après une première journée à Ottawa en compagnie de Justin Trudeau, le premier ministre français s’est rendu à Québec, capitale de la province du même nom. Véritable point d’orgue de son déplacement, Gabriel Attal s’est rendu au parlement du Québec pour un discours que la presse Canadienne considère unanimement « historique ».
« Grâce à Attal, le Québec se sent moins seul »
Devant les députés québécois, le chef du gouvernement français a longuement évoqué la question de la laïcité. « La laïcité est la condition pour bien vivre ensemble, et je sais que les Québécoises et les Québécois, que leurs représentants sont attachés à la laïcité » a déclaré Gabriel Attal face à une assemblée québécoise encore divisée sur une récente loi interdisant le port de signes religieux dans les établissements scolaires. Une décision qui fait écho à l’interdiction de l’abaya au collège et lycée prononcée par Gabriel Attal lors de son passage rue de Grenelle. « Face à ceux qui font mine de ne pas comprendre ce qu’est la laïcité, qui voudraient la détourner, faire croire qu’elle est une forme d’arme antireligion, faire croire qu’elle est une forme de discrimination, nous répondons que la laïcité est la condition de la liberté et la condition de l’égalité et la condition de la fraternité », balaye le premier ministre, les accusations de racisme proférées par l’opposition tant française que québécoise.
Un discours qui a fait mouche dans la belle province, en proie face à une immigration massive et des sujets de laïcité et de défense du français. Le journal du Québec titrait ce samedi « Grâce à Attal, le Québec se sent moins seul ».
Le CETA, principale préoccupation des deux côtés de l’atlantique.
Alors que le Sénat a rejeté en mars dernier l’accord de libre-échange européen supprimant les barrières économiques et règlementaires entre l’Union Européenne et le Canada, le déplacement s’est rapidement transformé pour le premier ministre français en opération SAV. Tout au long des trois jours, il n’aura eu cesse de rassurer quant à l’avenir des relations franco-canadiennes. C’est ainsi que pendant sa conférence de presse conjointe avec Justin Trudeau il déclare « C’est un accord gagnant-gagnant, et on le voit aujourd’hui, les chiffres ne mentent pas, depuis qu’il a été signé, depuis qu’il est en vigueur, les échanges entre nos deux pays ont progressé de plus d’un tiers. » De son côté Justin Trudeau en appelle en « la capacité des Français et de la classe politique française à voir l’intérêt qui existe pour plus de commerce, surtout avec un pays amis », tout en regrettant les « préoccupations protectionnistes » de la France.
Au Québec, le premier ministre réitère face aux acteurs économiques réunis à la chambre de commerce de Montréal. Il défend le bilan d’Emmanuel Macron et ses « réformes historiques » à l’instar de « la simplification du droit du travail anciennement très rigide ».
A ses coté, François Legault se prête au même exercice et vante les mérites du Québec et plus largement du Canada : un pays écologique et qui ouvre « l’accès au marché américain ». Faisant référence à la possible victoire de Donald Trump en novembre prochain, il interpelle Gabriel Attal « mieux vaut se tourner vers un allé avec qui on partage les mêmes valeurs ».
Quand on interroge le chef du gouvernement sur l’avenir du Ceta en cas de rejet par l’Assemblée nationale, celui-ci arbore une attitude optimiste tout en éludant la question d’un potentiel déni démocratique. Pour Gabriel Attal le rejet au Sénat est le fruit d’une « alliance de ceux qui ont porté le Ceta pour le mettre en échec », « c’est la droite et la gauche qui se sont alliées pour mettre en échec l’accord au Sénat, dans un contexte de campagne des Européennes » continue-t-il. Le premier ministre souhaite « du temps », afin de « démontrer l’impact positif pour les citoyens ».