Après trois semaines consécutives de baisse, les prix des carburants ont pris une nouvelle direction et sont repartis à la hausse en France. Selon les données fournies par le ministère de la Transition énergétique, les chiffres publiés le 23 octobre montrent que le prix moyen du litre de gazole, le carburant le plus couramment utilisé en France, a augmenté de 3,4 centimes d’euros pour atteindre une moyenne de 1,8818 euro par litre. De même, le super SP95-E10 a connu une hausse de 1,5 centime d’euro, portant son prix moyen à 1,8308 euro le litre. Cette augmentation intervient à un moment délicat, car les vacances scolaires sont souvent synonymes de déplacements routiers.
La hausse des prix des carburants est attribuée à une légère reprise du prix du baril de pétrole, en particulier le Brent, le brut de référence en Europe. Cette hausse du prix du pétrole est principalement due aux attaques en Israël le 7 octobre, qui ont entraîné une augmentation de trois à quatre dollars par baril. Cependant, cet impact reste relativement limité sur les prix du pétrole, car d’autres facteurs sont également en jeu.
D’une part, les États-Unis ont levé l’embargo sur le pétrole vénézuélien, ce qui a contribué à stabiliser les approvisionnements. D’autre part, les Iraniens continuent d’exporter du pétrole vers la Chine et l’Inde. En fin de compte, l’attaque du Hamas a eu un impact plus significatif sur les prix du gaz naturel liquéfié (GNL), car les Israéliens ont cessé de pomper leur gaz, réduisant ainsi l’exportation vers l’Égypte, où il aurait dû être transformé en GNL.
Dans le Parisien, l’économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières et de l’énergie, estime que si le conflit au Moyen-Orient reste local et que la géopolitique ne change pas, le prix du baril de brut ne dépassera probablement pas les 100 dollars. Par conséquent, les prix à la pompe ne franchiront pas la barre des deux euros. Cette analyse est corroborée par les prévisions économiques pour l’année prochaine, qui indiquent un ralentissement de l’économie, en particulier en Chine, où une crise immobilière sévit.
Pour contrer ces fluctuations des prix des carburants, TotalEnergies s’est engagé pour toute l’année 2024 à plafonner la vente de carburant à 1,99 euro par litre dans ses 3 400 stations. Cela indique que l’entreprise prend en compte la possibilité d’un baril de pétrole à moins de 100 dollars l’année prochaine. Il est également possible qu’ils aient souscrit une couverture pour atténuer les pertes en cas de fluctuations des prix.
Le retour du « chèque carburants »
En outre, une indemnité carburant travailleur devrait être distribuée début 2024, d’un montant de 100 euros, équivalant à une aide de 20 centimes d’euros par litre pour la consommation moyenne. Cette aide sera accordée aux 50 % des travailleurs les plus modestes qui en feront la demande, soit potentiellement 4,3 millions d’automobilistes. Le financement de cette indemnité fait actuellement l’objet de débats au Parlement, avec un budget de 430 millions d’euros prévu pour la soutenir.
Pour soulager les consommateurs, certaines grandes enseignes de distribution ont également lancé des ventes de carburants à prix coûtant. Parmi elles, Leclerc, Carrefour, Casino, Cora, Intermarché, Système U et Auchan ont mis en place des opérations promotionnelles visant à offrir des prix plus bas. Cependant, selon Philippe Chalmin, ces promotions peuvent même se traduire par des ventes à perte pour certaines enseignes, car elles ne tiennent pas compte de leurs coûts d’investissement, tels que la construction des stations-service.
Alors que la volatilité des prix des carburants demeure une préoccupation pour de nombreux consommateurs, des facteurs géopolitiques et économiques complexes continuent d’influencer le marché des carburants en France. Les efforts des entreprises et les mesures gouvernementales visent à atténuer l’impact de ces fluctuations sur les consommateurs.