Les conséquences du changement climatique se font de plus en plus ressentir, avec des inondations, des incendies de forêt dévastateurs, des vagues de chaleur extrême, et bien d’autres événements climatiques extrêmes. En 2023, ces catastrophes naturelles sont encore plus dévastatrices en raison du réchauffement climatique. Cependant, malgré cette évidence, les efforts pour s’adapter aux effets du changement climatique sont bien en deçà de ce qui est nécessaire d’après l’ONU.
L’ONU annonce que les financements sont loin d’être suffisant face au changement climatique
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a publié un nouveau rapport intitulé « Adaptation Gap Report » dans lequel il estime que les sommes nécessaires pour s’adapter aux conséquences du changement climatique sont « dix à dix-huit fois plus importantes que les flux financiers publics internationaux actuels ». En d’autres termes, les financements actuellement alloués à l’adaptation au changement climatique sont nettement insuffisants pour faire face à l’ampleur du défi.
Ce rapport de 122 pages repose sur le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour mettre en lumière l’importance cruciale de l’adaptation. Alors que l’atténuation vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation englobe toutes les mesures nécessaires pour vivre avec les impacts du changement climatique et anticiper les coûts associés (comme la construction de digues, la réparation des infrastructures, la gestion de la santé publique, etc.).
Les auteurs du rapport mettent en garde contre l’accélération des risques climatiques à mesure que la planète se réchauffe. Même si les objectifs de l’accord de Paris sont atteints, les risques persisteront à chaque fraction de degré de réchauffement supplémentaire. Le changement climatique actuel a déjà provoqué un réchauffement de 1,1 à 1,2 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, et les politiques en place conduisent à un réchauffement de 2,4 à 2,8 degrés Celsius d’ici la fin du siècle.
203 milliards d’euros minimum par an
Selon les estimations du PNUE, les coûts du changement climatique et les besoins de financement pour la préparation des sociétés des pays en développement, les plus touchés, se situent entre 215 et 387 milliards de dollars (203 à 365 milliards d’euros) par an au cours de cette décennie. Cela représente une augmentation significative par rapport aux estimations précédentes de 160 à 340 milliards de dollars en 2016, réévaluées en 2020. Le rapport indique que les impacts du changement climatique sont de plus en plus graves, avec une accélération de la montée du niveau de la mer, une intensification des sécheresses et un renforcement des ouragans.
Le rapport souligne également les avantages potentiels de l’adaptation en citant des exemples tels que les investissements dans l’agriculture qui pourraient éviter la famine pour des millions de personnes, ou les investissements dans la prévention des inondations qui pourraient réduire considérablement les coûts ultérieurs.
Malheureusement, les financements actuels alloués par les États sont nettement insuffisants, en partie à cause de la stagnation de la finance climatique. Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, les pays développés s’étaient engagés à doubler leurs financements pour l’adaptation d’ici 2025, atteignant ainsi 40 milliards de dollars par an. Cependant, en 2021, le montant réel des flux financiers Nord-Sud dans ce domaine n’était que de 21,3 milliards de dollars, ce qui représente un déficit de financement de 194 à 366 milliards de dollars par an par rapport aux besoins.
Le financement climatique n’est pas une priorité
Le financement climatique est également confronté à d’autres priorités, telles que la pandémie de COVID-19, qui a entraîné une réduction des fonds alloués à l’adaptation. De plus, les négociations internationales sur le climat avancent lentement. Par exemple, le financement du Fonds vert pour le climat a atteint un total de dons et de promesses de 9,3 milliards de dollars pour un budget total de 17 milliards de dollars, avec les États-Unis n’ayant toujours pas annoncé le montant de leurs contributions.
Le rapport du PNUE souligne également l’importance d’accélérer la mise en place du fonds « pertes et dommages », qui serait essentielle pour soutenir les États les plus vulnérables aux catastrophes climatiques. Le coût des dégâts dans ces économies vulnérables a dépassé les 500 milliards de dollars au cours des deux dernières décennies, et ce chiffre augmentera considérablement à moins que des mesures d’atténuation et d’adaptation robustes ne soient mises en place.
Cependant, la création de ce fonds se heurte à des désaccords politiques, avec des points de friction concernant son administration provisoire par la Banque mondiale et la liste des États bénéficiaires. Les États-Unis craignent que des pays comme la Chine ou les pays producteurs de pétrole, classés comme des pays en développement, ne réclament des aides. Une réunion finale doit avoir lieu en novembre à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, à quelques semaines de la prochaine COP climat prévue à Dubaï, du 30 novembre au 12 décembre.