Depuis quelques mois, avec l’ouverture à la concurrences ferroviaires, l’opérateur de trains italien Trenitalia s’est installé sur le trajet le plus fréquenté de France : Paris – Lyon. Avec l’arrivée de la concurrence sur les trains grandes vitesses (TGV), la SNCF se voit dans l’obligation de se renouveler, ou en tout cas de préserver une bonne image. Pourtant certains problèmes se développent et viennent entacher leur réputation. De plus, cette semaine du 4 juillet, la SNCF fait face à une nouvelle grève dans le pays, les cheminots (Fédérations syndicales CGT, UNSA ferroviaire, SUD-Rail, CFDT) proteste pour demander une augmentation des salaires, dans le contexte d’une inflation toujours plus élevée.
La SNCF crispe ses usagers
Pas un mois ne passe sans que l’entreprise ne fasse parler d’elle.
Entre autres mauvaises pubs, l’abonnement TGV Max fait grincer des dents. Cet abonnement permet, pour les jeunes de 16 à 27 ans et pour 79€ par mois, d’accéder à un catalogue de trains gratuits sur le réseau. Sauf que … tous les témoignages que nous avons recueillis vont dans le même sens. Depuis de nombreuses semaines le service mis en place par la SNCF ne répond plus du tout aux attentes du public empruntant les lignes. “C’est plus du tout rentable. Cela fait plusieurs fois que je suis obligée de prendre des trains à 79€ (donc le prix de l’abonnement) parce qu’il y a 0 disponibilité.”, se plaint Shirley qui est abonné au service TGV Max depuis de nombreux mois. Mais ce constat est partagé par d’autres voyageurs comme Léa sur le trajet Paris -Strasbourg, qui se plaint de devoir “attendre une semaine pour avoir une disponibilité. Depuis Juin c’est une véritable catastrophe. On se retrouve donc parfois à payer 80 euros /mois + le train qui est à au moins 90 euros l’aller”. Contactée, la SNCF considère ce problème comme indépendant d’eux-même. “S’ il y a moins de trains en ce moment, c’est un phénomène national. On note un véritable engouement pour le retour au voyage. Depuis mars les gens repartent en vacances et plus qu’en 2019. A l’heure actuelle, on a 10% d’affluence supplémentaire par rapport à 2019, et ce, sur la même période.”
Mais à cause de cette situation, de nombreux utilisateurs décident de se passer du service. C’est le cas d’Antoine qui se sert de l’abonnement pour la ligne Paris-Lyon : “Je vais le garder encore un mois ou deux et si je n’arrive plus à trouver de trains je n’aurais pas d’autres choix que de résilier”. Est-ce un cas à part ou un phénomène en devenir ? La SNCF ne note “pas de désabonnement, mis à part les personnes qui ont passé l’âge ou qui s’aperçoivent qu’ils veulent voyager le weekend.”
En Allemagne, L’état avec les trains en régions propose une offre d’abonnement à 9€ cet été avec déplacements illimités pour contrer l’inflation et les prix des transports, mais la SNCF sollicité n’envisage pas d’augmenter ses services avec une telle solution qui « ne serait pas exploitable en France ». Les trains en région dit TER en France affichent d’ailleurs des prix très élevés qui atteignent parfois les 60€ lors des grandes affluences, alors que par exemple en TER pour faire Paris Lyon, il faut compter 5h30.
Le TGV italien, le frecciarossa.
La SNCF menacée par la concurrence ?
Aujourd’hui la seule concurrence de TGV étranger est l’italien Trenitalia. Ce dernier est arrivé avec son frecciarossa, flèche rouge en italien. Ce train propose quatre classes de confort, une seconde classe Standard, deux 1ères classes Business et Executive ainsi qu’un espace de travail privé pouvant accueillir cinq personnes : Sala Meeting. L’accent est mis sur le haut de gamme mais les tarifs sont accessibles pour la seconde classe et se placent parfois dans les premiers prix (derrière Ouigo, le service low-cost de la SNCF). Car au vu des nombreux problèmes souvent attribués à la SNCF, le risque pourrait être de voir une partie de leurs usagers partir vers la concurrence. Amine est un utilisateur régulier de la ligne Paris – Lyon, et ce depuis de très nombreuses années, il « connaît assez bien les différentes galères que l’on peut rencontrer” sur ce trajet. Il a été “agréablement surpris” par ces trains, bien qu’il ai eu “eu plusieurs fois des problèmes avec le wifi”. Mais il le rappelle, il ne peut pas se passer de la SNCF, car “Trenitalia ne propose pas de low-cost” et que “la SNCF propose mille fois plus de trains que Trenitalia.”
Malgré cette entrée en concurrence et des problèmes persistants, la compagnie ferroviaire n’est pas trop inquiétée. Comme le rappelle pour Le Figaro Arnaud Aymé, spécialiste du transport au sein du cabinet de conseil Sia, «la libéralisation du rail, qui était présentée comme une montagne, a jusqu’ici accouché d’une souris». Seuls deux opérateurs sont venus sur le terrain de la SNCF, Trenitalia avec son Paris – Lyon et Transdev sur le TER Nice – Marseille. Très peu d’offres sont prévus pour les prochaines années … Pour Amine, “à la question de savoir si je serais prêt à abandonner la SNCF pour la concurrence dans les prochaines années, je ne peux pas répondre sans avoir vu ce que propose la concurrence. Dans l’état des choses je ne peux pas me passer des services de la SNCF.”