Début d’une grève inédite chez 3 usines automobiles américaine

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Dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 septembre, l’industrie automobile américaine a été secouée par un événement sans précédent depuis des décennies. Le syndicat américain des ouvriers de l’automobile, United Auto Workers (UAW), a lancé une grève simultanée dans trois usines majeures, paralysant ainsi une partie essentielle de la production du secteur.

Des négociations salariales dans l’impasse.

« La grève débute dans les trois usines désignées » a annoncé l’United Auto Workers (UAW), en ciblant les 3 des plus grands constructeurs américains : General Motors, Ford Motor et Stellantis. A l’origine de cette grève historique, l’UAW négocie depuis plusieurs semaines une nouvelle convention collective. Cependant pour les organisations syndicales force est de constater que les négociations sont au point mort à quelques heures de l’expiration de l’actuelle convention collective. « Nous avons informé les entreprises, depuis le début, que le 14 septembre (à minuit) était une date butoir, pas un jalon », a déclaré mercredi Shawn Fain, président de l’UAW.  

La convention collective, qui régissait les relations entre le syndicat et les constructeurs, est arrivée à expiration, laissant les travailleurs sans accord sur leurs conditions de travail et leurs salaires.

Un choix stratégique d’usines pour cette grève.

Les trois usines visées par la grève jouent un rôle crucial dans la production des modèles les plus vendus de ces constructeurs. Il s’agit de l’usine Ford à Wayne, dans le Michigan, qui produit le Bronco, de l’usine GM à Wentzville dans le Missouri, responsable du pickup Chevrolet Colorado, et de l’usine Stellantis à Toledo dans l’Ohio, qui fabrique le Jeep Wrangler.

L’UAW a choisi une approche ciblée pour cette grève, dans l’espoir de minimiser les cout pour le syndicat. Celui dispose d’une reserve de 825 millions d’euros pour soutenir les salariés touchés par la grève. Plusieurs usines ont par ailleurs annoncé le renvoi temporaire de leurs salariés par faute de travail à effectuer. Ces salariés n’auront pas le droit aux indemnités chômage

Plus de 5 milliards de pertes potentielles.

Le conflit en cours suscite des inquiétudes quant à ses impacts économiques et politiques. Les constructeurs craignent que la grève n’affecte gravement leurs bénéfices et perturbe l’ensemble de l’industrie automobile. Une analyse du cabinet de conseil Anderson Economic Group estime qu’une grève de dix jours pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de pertes pour l’économie américaine.

Joe Biden prend la défense des grévistes.

Le président Joe Biden, qui a régulièrement exprimé son soutien aux syndicats, appelle à un partage équitable des profits. Lors d’une courte allocution à la Maison Blanche, Joe Biden a déclaré : « Les entreprises ont fait des propositions significatives mais je pense qu’elles devraient aller plus loin avec les employés. » Il a également ajouté : « Personne ne veut d’une grève, mais je respecte le droit des ouvriers à utiliser leurs options dans le cadre du système de négociation collective. »

Le syndicat UAW réclame une augmentation de salaire de 40 % sur une période de quatre ans, tandis que les constructeurs n’ont proposé que 20 % au maximum. Les travailleurs demandent également des avantages supplémentaires, notamment des jours de congé et une augmentation des prestations de retraite.

La situation reste tendue, et le déroulement de ces négociations et de la grève influencera non seulement l’avenir des travailleurs de l’industrie automobile américaine, mais également l’économie du pays et le paysage politique à l’approche des élections présidentielles.

Timothé Boudet
Timothé Boudet
Correspondant français à Montréal

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