Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a confirmé qu’une « intervention terrestre » aura bien lieu à Gaza, Emmanuel Macron vient d’annoncer le déploiement du Porte-Hélicoptères Mistral (PHA) Tonnerre au large de Gaza. Un bâtiment éminemment stratégique pour allier dissuasion et assistance.
Attaqué par le roi de Jordanie, de pratiquer une politique à deux vitesses, entre les victimes israéliennes et palestiniennes, Emmanuel Macron a répondu que « pour la France, toutes les vies se valent, il n’y a pas de hiérarchie », tout en annonçant le départ du Porte-Hélicoptères Mistral (PHA) Tonnerre et la mise en place de navettes aériennes vers l’Égypte pour apporter de l’aide humanitaire à la population gazaouie.
Dès l’annonce du président, le bâtiment a appareillé de son port base, Toulon mercredi 25 octobre. Il devrait atteindre les côtes dans les prochains jours. Le navire rejoindra les frégates Surcouf et Alsace, déjà déployées en méditerranée orientale.
Le déploiement d’un navire d’assistance aux victimes se fait en opposition aux Etats-Unis qui ont décidé d’envoyer, eux, leurs deux plus gros Porte-Avions. Un message assez clair se dessine dans la politique voulue par Emmanuel Macron.
L’annonce de ce déploiement intervient dans un contexte géopolitique tendu, alors que le président Macron poursuivait sa série de déplacements au Moyen-Orient. Le 25 octobre, lors de sa visite à Amman en Jordanie, le président français a exprimé sa volonté de prévenir l’escalade militaire et de relancer le « processus de paix » dans la région. Pour Emmanuel Macron, l’issue de ce conflit ne peut être que diplomatique en relançant le processus de paix et de création d’un état palestinien. « Il nous faut agir de manière décisive aujourd’hui pour parvenir enfin à la solution de deux États, Israël et la Palestine vivant côte-à-côte en paix et en sécurité » a notamment plaidé Macron aux côtés de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Les Porte-Hélicoptères : le couteau suisse de la Marine nationale française
Deuxième plus gros navire de la Marine nationale après le Porte-Avions, les Porte-Hélicoptères Amphibies (PHA) français se distinguent par leur envergure et leurs multiples fonctionnalités. Avec une longueur précisément calibrée à 199 mètres, ces bâtiments évitent astucieusement la tarification supérieure appliquée aux navires de 200 mètres et plus lors du passage dans des canaux stratégiques comme celui de Suez. Ce bâtiment aux multiples fonctions embarque un équipage de 177 marins, auquel peuvent s’ajouter un état-major embarqué et jusqu’à 900 soldats.
Un bateau-hôpital
Largement médiatisé pendant l’épidémie du Covid-19, le volet hospitalier des PHA est une de leurs caractéristiques principales. Dotés d’un hôpital embarqué de 69 lits, avec la possibilité d’extension, et de deux blocs opératoires, d’un cabinet dentaire et d’une salle de radiologie ils incarnent une réponse rapide et efficace en cas de crises sanitaires. La capacité hospitalière des PHA s’est révélée cruciale lors de diverses missions humanitaires, notamment après l’explosion du port de Beyrouth ou encore en assistance aux victimes de la tempête Irma.
L’évacuation de ressortissants
Outre leur rôle médical, les PHA sont également conçus pour l’évacuation de ressortissants. Un élément clé de cette capacité réside dans l’utilisation des Engins de Débarquement Amphibie Rapides (EDAR), des embarcations conçues pour transporter troupes et matériel entre le navire et la côte. En situation d’évacuation, les EDAR permettent un transfert sûr et rapide des ressortissants depuis des zones à risque vers le PHA, où ils peuvent être pris en charge, recevoir des soins médicaux si nécessaire, et être transportés vers des zones sûres.
La Marine nationale à par le passé utilisé à plusieurs reprises des navires de sa flotte pour évacuer des ressortissants, comme en avril dernier avec l’opération Sagittaire. En réponse à l’escalade de l’insécurité constatée au Soudan, la Marine nationale avait participé l’évacuation de plus de 900 ressortissants, français et étrangers, par voies aérienne et maritime.
La projection de forces
Les Porte-Hélicoptères Amphibies sont faits pour la projection de forces, combinant des capacités amphibies et aériennes uniques. La conception des PHA permet une intégration fluide entre les composants navals, terrestres et aériens des forces armées, créant ainsi une plateforme polyvalente pour le déploiement rapide des troupes et des équipements.
La composante amphibie d’un Porte-Hélicoptères Amphibies (PHA) permet le déploiement rapide de troupes et de matériel depuis le navire vers la terre ferme, généralement dans des zones côtières. Cette capacité est notamment rendue possible grâce aux engins de débarquement amphibie rapides (EDAR) qui transportent les forces et le matériel du navire à la côte. En outre, les PHA sont dotés de radier, un espace inondable à l’intérieur du bateau ou les Edar rentrent. Ainsi le transfert d’hommes et matériels se font depuis l’intérieur du navire. Les troupes transportées, soit de l’armée régulière soit de commandos, grâce aux Edar sont particulièrement aptes à mener des opérations amphibies et des « entrées en premier » sur des territoires hostiles.
Parallèlement, la composante aéronavale est centrée autour de leur capacité à opérer et à maintenir des hélicoptères en condition opérationnelle. Les PHA peuvent accueillir jusqu’à 16 hélicoptères, stockés dans un hangar, prêts à être déployés pour diverses missions telles que la reconnaissance, le transport de troupes, le soutien aérien rapproché, ou l’évacuation médicale. Les hélicoptères sont transférés du hangar vers le pont d’envol grâce à un système d’ascenseur. Ceci, combiné avec les installations de maintenance et de ravitaillement en carburant à bord, assure que les hélicoptères sont opérationnels et prêts à être déployés rapidement. Le pont d’envol des PHA est conçu pour permettre des opérations aériennes continues, avec des zones dédiées pour le décollage, l’atterrissage, et la maintenance des hélicoptères.
Le commandement
Envoyé seul ou au sein d’une flotte, le PHA peut devenir navire amiral grâce à ses équipements qui permettent d’accueillir à bord tout un État-Major embarqué. Le PHA devient ainsi une plateforme de commandement en mer, crucial pour la coordination et la gestion des opérations navales, amphibies et aéronautiques.
 Tonnerre au large de Gaza.){kind=link}