La boussole stratégique de l’UE : quel est donc ce nouvel horizon militaire commun ?

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Alors que la guerre en Ukraine a fait retentir la sonnette d’alarme au sein des institutions européennes, les États membres vont devoir davantage coopérer afin de maintenir la paix sur le « Vieux continent ».

Comment prévenir tout nouveau conflit de surgir en Europe, et dans quelle mesure la coopération stratégique entre les pays européens va-t-elle s’avérer décisive ?

  • À quoi correspond ce livre blanc ?

Approuvée par le Conseil européen le 21 mars dernier, la nouvelle boussole stratégique de l’UE cherche à définir une orientation commune européenne en matière de sécurité et de défense. Ainsi, une coopération approfondie entre les États membres dans le domaine militaire permettrait à ces derniers de rattraper un certain retard, tant technologique que stratégique, par rapport aux Américains et Chinois.

Ce livre blanc se déploie en 4 axes : agir, investir, coopérer et protéger.

Agir :

En mettant sur pied jusqu’à 5 000 militaires une capacité de déploiement rapide de l’UE, en pratiquant des exercices militaires réguliers en terre et en mer et en étant prête à déployer 200 experts pleinement équipés dans le cadre d’une mission PSDC (Politique de Sécurité et de Défense Commune), l’UE cherche à se donner de véritables leviers d’action en termes militaires et stratégiques.

Investir :

L’objectif fixé étant de « réduire les dépendances technologiques et industrielles » des États membres, ces derniers devront revoir leurs budgets militaires à la hausse, favoriser le développement d’innovations militaires communes et créer un nouveau « pôle d’innovation » dans le domaine de la défense au sein de l’Agence européenne de défense.

Coopérer :

Cette nouvelle coopération reposera sur davantage de partenariats avec des partenaires stratégiques, tels que l’OTAN, les Nations Unies, ou bien des partenaires régionaux avec l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et l’UA (Union Africaine).

De plus, des partenariats bilatéraux seront développés, seulement avec des pays partageant nos valeurs, comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Canada.

Protéger :

Dans le but d’améliorer la capacité d’anticipation de l’UE face aux défis et menaces actuels, l’UE mettra en place une politique commune en matière de cyberdéfense en renforçant la boîte à outils cyberdiplomatique, développera ses capacités d’analyse du renseignement et élaborera une stratégie spatiale de l’UE pour la défense et la sécurité, entre autres.

Instaurée et votée suite à l’invasion russe de l’Ukraine, cette boussole stratégique est avant tout une réaction au retour de la guerre en Europe. Sa visée est d’être concrétisée d’ici 2030, afin d’instaurer une véritable autonomie stratégique européenne et de préserver la paix sur le continent.

D’autres facteurs ont également contribué à sa rédaction, comme l’augmentation des actes terroristes sur le territoire européen, la course à la compétition géostratégique et technologique entre les États-Unis et la Chine, ou encore le fait que l’UE est le premier marché mondial, donc une véritable puissance économique, mais pas militaire.

D’un point de vue plus global, cette boussole stratégique vise aussi à définir les objectifs stratégiques européens dans le monde. Ainsi, l’UE aura le monde comme théâtre d’action, et les menaces éventuelles que peuvent faire peser l’instabilité, la violation de la charte des Nations Unies ou encore l’émergence de foyers propices à la propagation d’actes criminels, de cyberattaques et de trafics en tout genre.

Ainsi, l’UE devra s’impliquer activement en Syrie, Afrique, Afghanistan ou encore Arctique, afin de promouvoir ses intérêts et d’empêcher toute menace de prendre source dans ces territoires instables.

Les menaces auxquelles cette boussole stratégique est supposée donner une pléthore de réponses sont : le terrorisme et l’extrémisme violent, la prolifération des armes de destruction massive, l’ingérence, les cyberattaques et les campagnes de désinformation menées par des acteurs aussi bien étatiques que non étatiques, le cyberespace, l’espace extra-atmosphérique, la sécurité maritime et aérienne, le changement climatique, la concurrence pour les ressources naturelles et les crises sanitaires mondiales.

Aussi variées et nombreuses que sont ces menaces, l’UE, en tant qu’acteur géopolitique et stratégique autonome, devra s’impliquer à les résoudre par la voie diplomatique multilatérale, aussi souvent que possible.

  • Va-t-elle être véritablement utile ?

Au vu du nombre conséquent d’enjeux face auxquels l’UE sera confrontée, cette boussole stratégique vise en effet à guider l’action des États membres, en tant qu’une seule et même entité regroupée sous l’égide d’une UE autonome et indépendante.

Elle sera donc clairement utile, puisqu’elle guidera l’Union européenne dans son approche des conflits, ses positions et son action. Elle bénéficie en outre du consensus européen, donc d’une légitimé indéniable.

Néanmoins, sa réalisation en termes d’objectifs matériels pour 2030 est discutable, et les efforts que les États membres seraient prêts à fournir moindres qu’espérés. La France, en tant que première puissance militaire européenne, et l’Allemagne, première puissance économique de l’UE, seront les fers de lance de cet élan vers une Europe unie militairement.

Quid d’un accord commun européen sur l’ensemble des positions à adopter face aux enjeux géoéconomiques et géopolitiques ? Malgré une vision commune définie, les pays membres ont chacun des intérêts différents, et souvent divergents, sur de nombreux sujets. Les forces politiques tant européennes que nationales, qui changent régulièrement puisqu’en démocratie, décideront, in fine, de la politique à adopter tous les 5 ans pour le Parlement européen, et encore plus fréquemment pour les élections nationales des principaux États membres.

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