Lampedusa, un camouflet pour le gouvernement de Giorgia Meloni

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Lampedusa, Italie – L’île de Lampedusa, située en plein cœur de la mer Méditerranée, se retrouve de nouveau au centre de l’attention en raison d’une arrivée massive de migrants en une seule journée. Cet événement exceptionnel met en lumière les défis continus liés à la question migratoire en Europe, ainsi que les réactions des acteurs politiques face à cette situation.

Contexte migratoire sensible à Lampedusa

Lampedusa est depuis de nombreuses années un point de convergence majeur de la crise migratoire en Europe. Cette petite île italienne, située à moins de cent kilomètres des côtes tunisiennes, est devenue un symbole des flux migratoires en provenance de l’Afrique du Nord. Son camp d’accueil, caractérisé par des conditions difficiles et insalubres, a souvent suscité des débats et des controverses à l’échelle du continent.

En temps normal, le camp a une capacité d’accueil d’environ 400 personnes. Cependant, ces derniers jours, il a été submergé par un afflux massif de migrants, soulignant ainsi les défis auxquels les autorités italiennes sont confrontées pour faire face à ces arrivées massives malgré leurs efforts pour fournir des installations adéquates.

Une difficile estimation des chiffres de cette arrivée massive

L’ampleur de la situation a été mise en évidence par les chiffres impressionnants : entre 6 000 et 6 800 migrants ont débarqué sur l’île en l’espace de seulement une journée. Selon le quotidien Italie Corriere della Sera, c’est plus de 7000 migrants qui ont débarqué sur les terres italiennes. Une estimation qui vient contredire la porte-parole de la Croix-Rouge italienne Francesca Basile qui parle de 6000 personnes. Des estimations floues puisque la RTBF parlle quant à elle de 6800 migrants.

Si les estimations varient elles convergent toutes vers une arrivée massive d’immigrants en quête de meilleures conditions de vie en Europe. Des migrants qui arrivent notamment de Libye qui a connu récemment de fortes inondations.

Cette arrivée massive a provoqué des tensions, notamment des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont conduit à la mort d’un enfant de 5 ans tombé à l’eau.

« Cette vague migratoire est un acte de guerre. »

Face à l’incapacité d’héberger tous les migrants dans les installations prévues, le maire de Lampedusa, Filippo Mannino, a déclaré l’état d’urgence, exprimant ses inquiétudes quant à la possibilité que la situation devienne explosive. Il a souligné que son île est la plus proche des côtes tunisiennes, d’où proviennent la majorité des embarcations de fortune transportant des migrants.

Le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni, s’est engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour venir en aide à la fois aux habitants de Lampedusa et aux migrants. L’objectif de transférer progressivement les migrants vers d’autres villes italiennes afin de soulager la pression sur Lampedusa s’annonce délicate en raison de la politique très stricte du gouvernement en matière d’immigration « Le plus important n’est pas de transférer les migrants mais de les empêcher de quitter l’Afrique » a commenté la cheffe de gouvernement italien.

Matteo Salvini, fustige l’europe et parle d’une « Europe morte à Lampedusa ». Pour le vice-président du conseil, « cette vague migratoire est un acte de guerre ».

Un camouflet pour celle qui promettait « un blocus naval » des côtes italienne.

Cette arrivée massive remet en cause directement Giorgia Meloni qui promettait en pleine campagne électorale d’instaurer « blocus naval » tout au long des côtes italiennes. Pourtant c’est plutôt un pont vers l’Afrique que la cheffe de gouvernement italien souhaite construire. Elle a notamment annoncé en juillet dernier le lancement du « processus de Rome », une ultime tentative d’accord européen de lutte contre l’immigration en s’attaquant cette fois aux origines de cette immigration. Cet accord prévoit d’aider les pays d’origine des migrants dans leur développement économique.

Un peu plut tôt en juillet, la présidente de la Commission européenne, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, avaient signé avec Kais Saied, le chef d’état Tunisien un « partenariat stratégique ». Un partenariat prévoyant des aides au pays pour lutter contre l’immigration clandestine.

La droite et extrême droite vent debout contre l’arrivée des migrants en France.

La situation à Lampedusa a également suscité des réactions en France, notamment du côté de la droite et de l’extrême droite. Eric Ciotti, président des Républicains, a appelé le président de la République française à déployer des moyens civils et militaires exceptionnels pour protéger les frontières françaises. Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête pour les prochaines élections européennes, a annoncé se rendre sur place pour évoquer ce qu’elle décrit comme un « immense défi civilisationnel » posé par cette submersion migratoire.

Photo : Reconquête !

La situation à Lampedusa met en évidence, une fois de plus, les complexités et les enjeux de la question migratoire en Europe. Elle souligne également la nécessité d’une réponse coordonnée au niveau européen pour faire face à cette crise, alors que les dirigeants européens recherchent des solutions à long terme pour aborder cette question délicate.

Timothé Boudet
Timothé Boudet
Correspondant français à Montréal

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