L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a récemment publié un rapport inquiétant révélant une augmentation des actes racistes à l’encontre des personnes noires dans l’Union européenne (UE). Le rapport, intitulé « Etre noir dans l’UE, » est basé sur une enquête menée dans treize pays et met en lumière la persistance du racisme envers les personnes noires.
Selon les conclusions du rapport, près de la moitié des personnes noires vivant dans l’UE sont confrontées au racisme dans leur vie quotidienne. Plus préoccupant encore, cette discrimination a augmenté entre 2016 et 2023. En 2016, 39% des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de racisme au cours des cinq années précédentes, tandis que ce chiffre est passé à 45% aujourd’hui.
Ce rapport révèle également que la discrimination raciale reste largement invisible, car seulement 9% des victimes la signalent. Parmi les personnes interrogées, 30% déclarent avoir été victimes de harcèlement raciste, et 31% disent avoir été discriminées au travail. En outre, 12% des répondants indiquent avoir été arrêtés par la police au cours de l’année précédant l’enquête, parmi lesquels 58% estiment avoir été victimes de profilage racial, une pratique souvent critiquée par les associations de défense des droits civils.
37 % interrogées disent avoir été victimes de racisme en France
Le rapport met en évidence des disparités significatives entre les treize pays de l’UE étudiés. Les personnes noires en Autriche (72%) et en Allemagne (76%) sont plus susceptibles de signaler des actes racistes, tandis que ce chiffre est de 56% en Belgique et de seulement 26% au Portugal. En France, 37% des personnes interrogées disent avoir été victimes de racisme, ce chiffre étant en baisse par rapport à 2016 (46%). Cependant, 48% des répondants français indiquent avoir été victimes de profilage racial de la part de la police, une situation déjà dénoncée par l’ONU en mai.
Pour lutter contre l’augmentation des discriminations racistes, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne appelle les États membres à appliquer correctement les lois anti-discrimination, à élaborer des politiques spécifiques et à collecter des données sur l’égalité, y compris celles relatives à l’origine ethnique ou raciale, une pratique souvent débattue et parfois interdite. En ce qui concerne le profilage racial, l’organisme encourage les pays à prendre des mesures pour prévenir et éradiquer les pratiques institutionnelles et la culture discriminatoires au sein de la police.
L’étude a été menée à l’aide d’un questionnaire soumis en personne ou en ligne à près de 6 800 personnes d’ascendance africaine subsaharienne (ou des territoires d’outre-mer, dans le cas de la France) entre octobre 2021 et octobre 2022, dans 13 pays de l’UE.