Ancienne ministre des Affaires étrangères, Liz Truss promet de gouverner « comme une conservatrice » et de baisser les impôts.
Le mandat de la nouvelle Première ministre va-t-il s’inscrire dans la continuité de Boris Johnson, ou cherche-t-elle au contraire à s’en écarter ?
- Présentation :
Provenant d’une famille, selon elle, « très à gauche » et « pro-travailliste », Liz Truss entre au Merton College d’Oxford, Liz Truss y obtient son Master of Arts (équivalent d’une maîtrise) en politique et économie, et s’engage parallèlement en politique. Elle rejoint les libéraux-démocrates, avec qui elle manifeste contre la monarchie, mais avoue maintenant avoir commis une « erreur de jeunesse ».
Avec comme modèle Margaret Thatcher, elle prône une politique libérale, ferme et eurosceptique (malgré son vote contre le Brexit en 2016). Elle a aussi, avant même sa nomination, lancé une polémique en déclarant avec humour, en réponse à un journaliste qui lui demandait si Emmanuel Macron est, selon elle, un ennemi ou un ami, qu’elle « jugerait aux actes ».
Elle défend le libre-échange, la fermeté à la fois face à la Russie et face à la situation en Irlande du Nord vis-à-vis de l’Union européenne. Mère de deux enfants, elle a aussi subi le scandale et la polémique suite à la divulgation d’une relation extra-conjugale qu’elle avait entretenue pendant 18 mois avec un député en 2006.
Elle devient directrice commerciale dans le privé après ses études, mais entre rapidement en politique.
- Historique :
Élue députée à la Chambre des communes pour la circonscription de South West Norfolk en 2010 après 2 tentatives non-victorieuses (en 2001 et 2005), avec l’étiquette du parti conservateur, elle remporta 3 fois sa réélection (en 2015, 2017 et 2019). On peut alors remarquer qu’à chaque victoire, le pourcentage de votes qu’elle remporte croît (elle passe de 48 % en 2010 à près de 70 % en 2019 !).
4 ans après son élection, elle entre au gouvernement, et entame alors une ascension politique de 8 ans sous 3 Premiers ministres (David Cameron, Theresa May, Boris Johnson).
Elle devient dans un premier temps secrétaire d’État à l’Environnement sous David Cameron, où, pendant la campagne du Brexit, elle prône le « non ». En effet, elle signe le 15 mai 2016 une tribune dans The Sun qui qualifie le Brexit de « triple tragédie : plus de règles, plus de protocoles, plus de lenteur pour vendre vers l’Union Européenne ». Elle restera à ce poste jusqu’en 2016.
Theresa May la nomme ensuite secrétaire d’État à la Justice et lord chancelier en 2016 (fonction de garde du sceau du Royaume-Uni), puis secrétaire en chef du Trésor en 2017.
2 ans plus tard, elle est nommée à la fois secrétaire d’État au Commerce international et ministre des Femmes et des Égalités. Elle occupera ce premier poste jusqu’en septembre 2021, et ce deuxième jusqu’en septembre 2022. Pendant son mandat de secrétaire d’État au Commerce international, elle décida de vendre, en seulement quelques mois, du matériel militaire à la Russie d’une valeur de 289 millions de livres sterling, et aussi à l’Arabie Saoudite, alors active en pleine guerre au Yémen.
En septembre 2021, elle devient secrétaire d’État aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement. Deuxième femme à occuper ce poste, elle prend position contre la France lors du litige de pêche à Jersey, où elle affirme que cette dernière aurait agi de manière inacceptable, et soutient la révision unilatérale du protocole sur l’Irlande du Nord.
Candidate pour la présidence du parti conservateur en septembre 2022, elle l’emporte face à son opposant, considéré comme plus centriste, avec 57 % des voix, et remplace ainsi Boris Johnson au poste de Premier ministre. Elle est maintenant la troisième femme Première ministre du Royaume-Uni.
- Politique prévue :
Connue pour ses positions eurosceptiques, libérales et conservatrices, elle incarne une droite libertarienne.
Des baisses d’impôts et de dépenses dans le service public sont à prévoir, dans le but de faire croître les entreprises en Grande-Bretagne. Néanmoins, ces baisses d’impôts concerneraient notamment la suppression des « prélèvements verts », taxe sur les factures d’énergie visant à financer des projets écologiques. Du côté du service public, elle entend annuler une hausse prévue des cotisations sociales, servant à financer le système de santé anglais.
Elle prévoit aussi de geler les prix de l’énergie des particuliers, ce qui devrait, selon les analystes britanniques, permettre aux ménages d’économiser en moyenne 1000 livres par an.
Du côté de son gouvernement, sa nouvelle ministre de l’Intérieur, Suella Braveman, aura à cœur d’appliquer l’accord signé sous le précédent gouvernement concernant le renvoi des demandeurs d’asile au Rwanda, et est connue pour ses positions eurosceptiques et « antiwokes ».
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, James Cleverly, déjà passé au secrétariat d’État des Affaires étrangères et au ministère de l’Éducation, adoptera une ligne dure vis-à-vis de Moscou et Pékin, et se montrera intransigeant face à l’Union européenne.
Un virage nettement marqué vers la droite conservatrice et libérale est donc officialisé, ce qui laisse présager de nouvelles tensions entre l’UE, particulièrement la France, et la Grande-Bretagne, tandis que les difficultés intérieures du pays nécessiteront des réponses adaptées, équitables et suffisantes pour éviter un désastre social, économique et énergétique.