Actuellement en Corse, le président de la République, Emmanuel Macron s’est exprimé à l’Assemblée de Corse, qui pour l’occasion avait arboré le drapeau tricolore. Une déclaration pour tenter de réconcilier l’État, les indépendantistes et nationalistes Corses.
Une visite « symbolique »
La venue d’Emmanuel Macron en Corse a marqué un tournant significatif dans les relations entre l’État français et l’île méditerranéenne. Cette visite, précédée par des mois de discussions tendues entre le gouvernement et les élus corses était vivement attendue. Gilles Simeoni, le confirme en déclarant que la visite du chef de l’État revêt une « importance politique et symbolique » toute particulière.
En partie motivé par l’agression mortelle d’Yvan Colonna par un détenu djihadiste au printemps 2022 et les tensions qui ont suivi, Emmanuel Macron cherche depuis plusieurs mois la réconciliation avec les nationalistes au pouvoir sur l’île. Ce rapprochement est d’autant plus significatif que les nationalistes ont été réélus en 2021 sans leurs alliés indépendantistes.
La visite d’Emmanuel Macron en Corse a été l’occasion pour le président français de jeter les bases d’un changement significatif dans la relation entre l’État central et l’île méditerranéenne.
Dans un discours prononcé à l’Assemblée de Corse, Emmanuel Macron a déclaré qu’il était temps de « bâtir une autonomie à la Corse dans la République. » Cette déclaration a marqué un tournant majeur dans les négociations qui avaient prévalu pendant plus d’un an entre le gouvernement et les élus corses.
Inscrire la Corse dans la constitution française
Le président Macron a clairement exprimé son souhait d’inscrire la Corse dans la Constitution française, annonçant ainsi la possibilité d’un nouveau statut pour l’île. Il a souligné que cette autonomie ne signifiait ni un désengagement de l’État, ni une autonomie en dehors de la République, mais plutôt une « autonomie pour la Corse et dans la République. »
Le défi qui attend maintenant les élus corses est la rédaction d’un texte constitutionnel et organique qui devra être élaboré dans un délai ambitieux de six mois. Ce texte servira de base à une révision constitutionnelle qui reconnaîtra les spécificités historiques, linguistiques et culturelles de la Corse. Cette démarche vise à répondre aux aspirations de la communauté insulaire tout en maintenant une appartenance forte à la République française.
Améliorer la vie quotidienne des Corses
Lors de son discours historique à l’Assemblée de Corse, Emmanuel Macron n’a pas seulement évoqué le nouveau statut de l’île, mais il a également abordé plusieurs enjeux essentiels pour la Corse et ses habitants. Parmi les sujets évoqués, la préservation de l’environnement a occupé une place de choix. La gestion des déchets, la pression foncière, le développement économique, ainsi que les investissements de l’État dans l’île ont tous été mentionnés.
Le président Macron a insisté sur l’importance de l’efficacité des services publics pour améliorer la vie quotidienne des Corses, « Nous devons toujours avoir chevillée au corps une exigence d’efficacité, de service de nos concitoyens ». Répondant ainsi aux préoccupations des élus locaux, y compris ceux de droite, qui privilégient une approche pragmatique axée sur les besoins de la population.
Deux revendications toujours rejetées par Emmanuel Macron
Toutefois, il convient de noter qu’Emmanuel Macron a omis d’évoquer deux revendications des nationalistes corses, qu’il rejette à ce stade. Il n’a pas fait mention de la co-officialité de la langue corse avec le français, ni de la création d’un « statut de résident » conditionnant l’achat de biens immobiliers, deux demandes réitérées par l’Assemblée de Corse lors d’un vote en juillet dernier, mais exclues par l’exécutif.
Pour clore son propos, Emmanuel Macron rappelle que cette nouvelle étape constitutionnelle doit « permettre à la Corse de conserver son âme », « tout en restant dans les bornes de la République » et sans « être contre l’État ni sans l’État ».
La visite d’Emmanuel Macron en Corse a donc ouvert la voie à une période de négociations intenses et à des discussions politiques cruciales. Le chemin vers un nouveau statut pour la Corse est tracé, mais le défi réside désormais dans la rédaction des textes constitutionnels et organiques dans les six mois à venir.