Alors que sa capitale est située à près de 1500 kilomètres de l’Ukraine, l’Allemagne change radicalement de politique, tant en termes énergétiques que militaires.
La très récente coalition au pouvoir, composée de Verts, de libéraux et de socio-démocrates dans la majorité, a-t-elle réussi à s’accorder sur la stratégie à adopter face à cette crise ?
- Quelles sont les conséquences énergétiques et économiques de l’invasion russe en Allemagne ?
L’Allemagne est un pays particulièrement dépendant de l’énergie russe. En effet, elle importe 45% de son charbon de Russie, et ce pourcentage dépasse les 50% concernant le gaz. Au vu de l’envolée récente des prix du gaz, pas seulement causée par la guerre, mais aussi par la forte reprise économique, l’on peut s’interroger quant à la situation énergétique et économique du pays. Selon Verivox, en 2021, le prix de l’électricité a augmenté de 18,4% en moyenne, et celui du gaz d’un peu moins de 50%.
Suite à l’invasion russe, le gouvernement allemand a décidé de suspendre le processus d’autorisation du projet de gazoduc Nord Stream II, supposé relier directement la Russie et l’Allemagne afin de faire parvenir à cette dernière encore plus de gaz. Alors que Scholz se battait jusqu’alors pour entériner ce projet, ce retournement de situation marque une prise de conscience allemande.
Le virage allemand vers le charbon, au détriment du nucléaire, est très critiqué en France, à cause de l’impact environnemental de cette énergie fossile. Néanmoins, l’Allemagne a dernièrement décidé de prolonger l’utilisation de ses centrales à charbon et de ses centrales nucléaires, au vu de la déclaration du Ministre de l’écologie allemand. Ce dernier a effectivement annoncé vouloir « dire adieu aux importations russes », et, plus concrètement, a exprimé son intention de raccord avec l’Union européenne, de mettre fin aux importations de pétrole et de charbon d’ici à 2027. L’accord assez surprenant des écologistes au gouvernement marque un bouleversement inédit dans la politique énergétique allemande.
- Comment le positionnement allemand a-t-il évolué vis-à-vis de sa politique militaire ?
Lors d’un discours historique, le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué que le budget alloué aux dépenses militaires augmenterait immédiatement de 100 milliards d’euros, et qu’elles dépasseront 2% du PIB, seuil minimal demandé par l’OTAN depuis de nombreuses années. De plus, l’Allemagne s’est décidée, pour la première fois, à envoyer du matériel militaire à un pays en conflit armé, et elle a autorisé l’UE à envoyer aussi des armes à l’Ukraine.
Après avoir franchi un premier cap en envoyant des soldats en Afghanistan, les Allemands prouvent que leur politique de non-intervention est révolue. En cela l’on remarque que la guerre ukrainienne a réveillé les esprits européens et a permis une prise de conscience commune de la présence atemporelle du danger. On croyait le vieux continent épargné au vu des progrès démocratiques dans le monde et de la coordination plutôt réussie des nations membres de l’UE.
L’Allemagne va donc redonner une place prééminente à sa politique de défense, mais aussi réformer entièrement sa diplomatie extérieure. Ce pays, qui regardait les relations internationales par le prisme économique uniquement, devrait donc sous peu redevenir une puissance militaire. Ce réarmement sera visible dans la majorité des pays européens, et une future Europe de la défense semble se dessiner sous nos yeux.
- Sources :
https://fr.euronews.com/2022/03/11/gaz-russe-guerre-en-ukraine-l-allemagne-en-plein-dilemme