Les relations entre la Russie et la Chine ont atteint un point culminant depuis l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Le rapprochement entre ces deux États n’avait pas atteint un niveau aussi haut depuis la fin de la guerre froide.
Il s’agit d’un rapprochement pour le moins ambitieux avec des objectifs à la hauteur de la taille de ces différents États. Mais est-ce pour autant un rapprochement pour le meilleur et pour le pire ?
Panorama de la coopération entre la Russie et la Chine
Wang Yi, Ministre des Affaires Étrangères de la République populaire de Chine, affirmait que « l’amitié entre les deux peuples (Chine et Russie) est solide comme un roc et les perspectives de coopération future sont immenses ». Cela traduit bien la posture que prend la Chine depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cet aveu se traduit également par plusieurs actions concrètes.
Multiplication des échanges sino-russes
Le volume commercial entre la Russie a connu un bond considérable depuis le début de la guerre en Ukraine. Le mois de février s’est achevé avec une croissance record de 25 % alors que celui de mars se termine avec 12 %. Les échanges avec la Russie ne représentent qu’une infime partie du commerce extérieur de la Chine. Mais il faut noter que la Russie a fait de la Chine son partenaire privilégié du fait de son isolement sur la scène internationale.
Le développement des rapprochements Chine Russie peut s’observer dans différents domaines. Les principaux sont les secteurs bancaires, énergétiques, alimentaires et les secteurs des biens de consommation. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions qui ont suivi, la Russie compte principalement sur son commerce avec la Chine pour avoir des dollars et assurer ses importations.
Des projets visant à augmenter la production d’énergie à destination de la Chine sont en cours. Ce qui peut générer des revenus considérables pour lui permettre de tenir face aux sanctions occidentales. Le danger pour la Russie est de s’enfermer dans un cycle de dépendance vis-à-vis de la Chine.
Un rapprochement politique entre Chine et Russie
Si la Russie peut se vanter d’avoir un certain nombre d’États pour alliés dans sa guerre contre l’Ukraine, c’est bien parce qu’elle peut compter sur le soutien à la fois politique et diplomatique de la Chine. En effet, la Chine fait partie des États qui se sont abstenus de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Plus encore, les deux dirigeants n’ont pas manqué de multiplier le ballet diplomatique de façon plus que publique pour réaffirmer leur proximité.
En plus de ses partenariats, il a également la multiplication des accords dans le domaine militaire et spécial. Alors que la Russie a fait un sevrage dans la livraison de ses fusées à l’Occident, elle renforce son partenariat avec la Chine dans le domaine spatial.
Rapprochement sino-russe : Pour le meilleur et pour le pire ?
Le développement des relations sino-russes depuis l’invasion de l’Ukraine reflète les ambitions de ces deux grands États.
Constituer une alternative crédible à l’Occident
Le monde n’a jamais été aussi fracturé depuis la période de la guerre froide. L’effondrement de l’URSS a consacré la suprématie de l’Occident dans les relations internationales. L’établissement du dollar comme devise pour le commerce international en est un exemple concret. Toutefois, le rapprochement entre la Russie et la Chine depuis la crise ukrainienne ambitionne de devenir un bloc alternatif à l’Occident. La guerre en Ukraine et les sanctions qui en découlent ont conduit ces deux partenaires à se passer du dollar dans leurs échanges. C’est bien une manifestation de la rupture qui a été consommée lors de l’invasion.
Il y a également les alignements qui se précisent dans le monde. La Biélorussie, Cuba, le Venezuela, l’Iran ou encore le Kazakhstan sont autant de pays qui soutiennent ouvertement la Russie dans ses aventures. Mais certains États tels que l’Inde et le Brésil condamnent ouvertement l’incursion russe en Ukraine sans pour autant s’aligner sur les sanctions prononcées par les Occidentaux.
Tous ces États peuvent constituer un marché important dans les relations internationales. La plupart des marchés émergents se sont retenus de condamner la Russie. Et pour ceux qui s’y sont aventurés, ils se sont également gardés de suivre le mot d’ordre des sanctions. Cela consacre une certaine crédibilité au rapprochement sino-russe.
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Les dossiers qui fâchent dans la relation Chine/Russie
Le couple Chine Russie ne vit pas qu’une belle histoire de complicité. Il y a également de nombreuses pierres d’achoppement sur lesquelles ces deux partenaires se disputent. Le premier de ces éléments concerne l’Inde. Bien que la Chine et l’Inde soient tous deux membres de plusieurs institutions telles que les BRICS ou encore l’OCS, ces deux États se voient en rivalité sans merci.
La Russie représente le principal fournisseur d’armes de l’Inde. La technologie russe représente la plus grande partie du matériel de défense de l’Inde. Et ce partenariat n’est pas fait pour plaire au voisin chinois. Toutefois, l’Inde représente un marché bien trop important pour que la Russie puisse s’en passer aussi facilement. D’autant plus que la Russie connaît une conjoncture économique depuis sa première incursion en Ukraine en 2014.
Il faut aussi aborder la question de la Nouvelle Route de la Soie, le fameux projet d’expansion de la Chine. Ce gigantesque projet porté par le président Xi Jinping vise à garantir un approvisionnement constant pour les industries chinoises et leur trouver des débouchés. Ce projet est un ensemble de route maritime et de chemin de fer qui traverse tous les continents.
Le problème, c’est que cette route traverse la zone d’influence de la Russie. Il s’agit des États tels que le Kazakhstan, de l’Ouzbékistan et la plupart des anciens États de l’URSS. Et la Nouvelle Route de la Soie de la Chine est susceptible de faire gagner plus de parts de marché dans ces régions. Ce qui n’est pas à l’avantage de la Russie. Tous ces différends sont des éléments qui peuvent limiter le rapprochement entre la Russie et la Chine.